Au sommaire
publié le 13 avril 2011
Texte adopté au congrès de Brive de juin 2010 du SNUipp-FSU
Direction d’école : dépasser le statu quo
Ces dernières années ont été marquées par une forte augmentation de la charge de travail et des responsabilités qui pèsent sur les équipes et particulièrement sur les directrices et directeurs d’école. L’avalanche de tâches liées à la gestion de l’école et à la mise en place des réformes en cours devient insupportable.
Le projet du Ministère est de faire du directeur un maillon essentiel, y compris au plan hiérarchique, de la mise en place des politiques éducatives, « un relais des inspecteurs au sein de l’école sur les questions d’organisation et d’administration » comme l’écrit l’IGEN. Il minore ainsi le rôle du conseil des maîtres au profit d’exigences institutionnelles toujours plus pressantes. Le SNUipp refuse la position de relais hiérarchique que l’administration tente de faire jouer aux directrices et directeurs d’école. Il rejette tout projet qui diviserait la profession en conférant au directeur un statut et un rôle hiérarchiques relevant d’une conception managériale. La notion d’équipe doit être consolidée avec des moyens impartis.
Après 6 ans de grève administrative, le ministère a dû accorder quelques mesures (décharges des écoles de 4 classes, mesures indiciaires, aide administrative) qui restent insuffisantes. Pour le SNUipp, la question de la direction et du fonctionnement de l’école est loin d’être réglée. Le statu quo n’est plus possible. Le ministère doit ré-ouvrir le dossier.
Le SNUipp demande des améliorations significatives :
- temps supplémentaire de décharge quelle que soit la taille de l’école (direction, travail d’équipe),
- aide pérenne à la direction et au fonctionnement de l’école par la création d’emplois statutaires,
- remise à plat des missions et responsabilités,
- formation spécifique et reconnue dont le contenu intègre la préparation au travail en équipe centrée sur le projet de la réussite de tous les élèves avec la place et le rôle du directeur et du Conseil des maîtres, ainsi que la préparation au travail de collaboration avec les divers partenaires, dans un fonctionnement démocratique de l’école,
- reconnaissance financière,
- création d’un outil clair d’aide à la direction d’école regroupant les références des textes en vigueur.
Le conseil des maîtres doit bénéficier d’une meilleure reconnaissance institutionnelle, son rôle doit être reconnu et renforcé comme seul garant des choix pédagogiques. Le directeur est forcément un enseignant dont la fonction, le rôle et les missions doivent être définis. Le directeur est partie prenante de l’équipe. A ce titre, il est important qu’il puisse conserver un lien pédagogique avec les élèves.
Le SNUipp refuse les nominations sur postes à profils. Tout en maintenant son opposition à la liste d’aptitude, il considère qu’aucune nomination ne peut être prononcée en dehors du cadre réglementaire. Il dénonce l’accumulation de tâches administratives pas nécessairement indispensables au fonctionnement de l’école et qui alourdissent sans cesse la charge de travail des directrices et directeurs d’écoles.
Nos propositions :
Le SNUipp se prononce pour un renforcement du pilotage des écoles par le conseil des maîtres, pour un fonctionnement démocratique capable de concevoir, élaborer, et décider collectivement.
Les missions de la direction d’école doivent être priorisées et recentrées autour de tâches indispensables en lien direct avec la vie de l’école et au service des élèves.
Le rôle du directeur et du Conseil des maîtres dans le fonctionnement de l’école, doit être intégrés dans les contenus de la formation initiale.
Le SNUipp mènera une campagne d’information et d’actions visant à obtenir l’ouverture de négociations sur ce dossier. A cette fin, il engagera :
– des campagnes de mails en direction des IA pour un certain nombre d’opérations liées à la direction,
– des campagnes de presse,
– des rencontres avec les personnels sur le terrain : RIS, réunions de secteurs, rassemblements ...,
– l’élaboration d’un décompte des tâches dévolues à la direction d’école,
– une interpellation du Ministère suite à l’enquête nationale.
Le SNUipp rejette tout projet qui diviserait la profession en conférant au directeur un statut et un rôle hiérarchique. Le ministère prévoit la création d’établissements publics d’enseignement primaire (EPEP), notamment dans le 3ème rapport d’étape de la RGPP, création à laquelle le SNUipp s’oppose. Cela aurait pour conséquence de rompre l’équilibre avec les collectivités territoriales, sans apporter de réponses aux inégalités territoriales. Tout au contraire, le SNUipp lutte pour la démocratisation de l’école publique qui passe aussi par l’égalité des droits et des moyens à l’Education nationale sur tout le territoire. La création des EPEP, qui serait associée à la remise en cause de la carte scolaire, ouvrirait la voie à la concurrence entre écoles et serait un jalon supplémentaire de la construction d’un marché scolaire. La globalisation des effectifs entraînerait des suppressions de postes d’enseignants. Le SNUipp doit défendre et promouvoir une école de proximité à taille humaine, dans le cadre d’une carte scolaire confortant et favorisant la mixité sociale.
Le SNUipp reste particulièrement vigilant et poursuivra la campagne en direction des élus, des parents d’élèves et des enseignants contre ce projet. Pour en obtenir son retrait, il engagera l’action dans l’unité syndicale la plus large. Il réaffirme son opposition à tout statut des écoles qui mettrait ces dernières sous la tutelle des collectivités locales, qui ouvrirait la possibilité de recruter des personnels précaires. Les questions de financement, l’évolution structurelle et pédagogique doivent être débattues dans un cadre national favorisant l’égalité de tous et un fonctionnement plus démocratique et plus collectif au sein des équipes.