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Conditions de rentrée, remplacement, rythmes scolaires, décharge de direction… Compte-rendu du CDEN du 28 novembre 2024

publié le 12 décembre 2024

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Le CDEN est l’instance qui rassemble les élu-es des personnels enseignants, les représentant-es des parents d’élèves, de la Mairie et la direction de l’Académie. Il s’est réuni le 28 novembre pour aborder notamment les conditions dans lesquelles s’est effectuée la rentrée. Dans une déclaration liminaire consultable dans cet article, la FSU-SNUipp a profité de la réunion de cette instance pour porter la voix des personnels sur un certain nombre de dossiers : rythmes scolaires, remplacement, décharge de direction…


Carte scolaire : des conditions d’enseignement dégradées

L’Académie a tout d’abord présenté quelques chiffres : l’Académie a perdu 2255 élèves dans le 1er degré à la rentrée 2024. Elle constate un ralentissement de la baisse démographique. Ce sont les écoles hors éducation prioritaire qui perdent le plus d’élèves (les écoles en EP gagnent même quelques élèves) et l’arrondissement le plus touché par cette baisse démographique est le 15e arrondissement avec 369 élèves en moins en septembre 2024.


En cette rentrée le nombre moyen par classe s’établit à 20 élèves. En éducation prioritaire, 80% des élèves sont scolarisé-es dans des classes à moins de 20 élèves, et 50% d’entre eux dans des classes de moins de 15 élèves. La FSU-SNUipp a rappelé qu’en deux ans l’Académie avait perdu près de 300 postes et fermé autant de classes et que la perspective des 3155 suppressions de postes dans le 1er degré à la rentrée prochaine, au niveau national, faisait peser un risque fort sur l’académie de Paris de voir des centaines de postes supprimés. Ses élu-es ont rappelé que la baisse démographique ne justifiait pas une telle saignée budgétaire et qu’elle aurait pu au contraire permettre un meilleur taux d’encadrement, la France, comme l’académie de Paris étant au-dessus de la moyenne européenne qui s’établit à 19 élèves par classe.


La FSU-SNUipp a réaffirmé que les fermetures de classes en masse n’ont rien d’indolore, contrairement à ce que laisse entendre l’Académie comme le gouvernement. Elles dégradent les conditions de travail des personnels comme les conditions d’apprentissage des élèves, en particulier les plus fragiles. Et elles rendent toujours plus dysfonctionnelle notre Institution déjà fragilisée : manque de remplaçant-es, de RASED, de formateur-trices, de moyens pour l’inclusion...


Des difficultés de remplacement qui s’aggravent

La FSU-SNUipp Paris a une nouvelle fois dénoncé les graves difficultés de remplacement que rencontrent les écoles parisiennes. Dès les premiers mois de l’année scolaire désormais, des dizaines de classes ne sont pas remplacées chaque jour et ce y compris pour des absences de longue durée. Les conditions de travail des brigades se sont gravement dégradées au point d’impacter leur santé. Les conditions de travail de l’ensemble des enseignant-es sont également dégradées et leurs droits, à la formation notamment, amputés. Ce sont des jours, des semaines, parfois des mois d’enseignement perdus pour les élèves !


Depuis des mois, la FSU-SNUipp demande à ce que l’Académie communique en transparence sur ce sujet et organise rapidement un groupe de travail sur le remplacement. Il est urgent de tirer le bilan de la centralisation de la gestion et de la fusion des deux brigades départementales. Pour la FSU-SNUipp, la brigade de remplacement doit représenter au moins 10% des postes de professeur-es des écoles. La brigade de remplacement qui compte actuellement environ 600 personnes devrait donc être abondée de 200 personnes de plus.
L’académie a fini par reconnaitre les difficultés de remplacement et annoncé la tenue d’un groupe de travail sur ce sujet le 16 janvier prochain. En attendant, les écoles concerné-es sont invité-es à contacter la FSU-SNUipp en cas d’absences non remplacées, et à utiliser le kit de mobilisation mis à disposition dans cet article.


École privée : pas de baisse d’effectifs malheureusement...

Dans le cadre du constat de rentrée, l’Académie a présenté les chiffres concernant l’école privé sous contrat à Paris. Il y a actuellement 35 043 élèves scolarisés dans ces écoles, ce qui représente un quart des élèves scolarisés à Paris. Parmi les élèves scolarisés dans le privé, 14,5% ne résident pas à Paris.
Tandis que la baisse démographique impacte fortement les écoles publiques, les écoles privées sous contrat gagnent à la rentrée 2024, 239 élèves supplémentaires. Pour la FSU-SNUipp Paris, cette tendance est particulièrement inquiétante et rejoint les projections de Julien Grenet (directeur de recherche au CNRS, professeur à l’École d’économie de Paris et directeur adjoint de l’Institut des politiques publiques, spécialiste de l’économie de l’éducation) qui affirme que dans 10 ans, le risque est grand de voir l’enseignement privé devenir majoritaire à Paris. L’Académie reconnait cette problématique et affirme qu’elle intervient au niveau du Ministère pour qu’une plus juste répartition des moyens soit faite entre l’école privée et l’école publique à Paris. L’Académie a par ailleurs fait le choix de refuser toutes les demandes d’ouverture de cycle dans les écoles privées (CP, 6ème, 2nde). Elle s’engage par ailleurs à communiquer prochainement aux représentant-es du personnel, les éléments chiffrées complets (nombre de postes, de classes, effectifs élèves, etc.) concernant l’enseignement privé sous contrat.


Enfin, concernant le privé hors contrat, le nombre d’élèves scolarisés dans ce type d’école est en baisse et s’établit à la rentrée 2024 à 5 572 élèves.


Pour la rentrée prochaine, les prévisions d’effectifs académiques sont les suivantes : -3 157 élèves pour le public et -313 pour le privé.


Des moyens pour l’inclusion, ça urge !

La situation de l’école publique face au défi de l’inclusion des élèves en situation de handicap est inquiétante. Pour la FSU-SNUipp, l’État n’est pas à la hauteur des enjeux et les enseignant-es se retrouvent trop souvent seul-es à devoir accompagner les élèves en situation de handicap.
L’enveloppe budgétaire dédiée au recrutement d’AESH à Paris ne permet pas de couvrir toutes les notifications. Des centaines d’heures d’accompagnement sont perdues chaque semaine faute de personnels, dans le 1er comme dans le second degré. L’Académie compte aujourd’hui 14 000 élèves en situation de handicap dont 12 500 sont scolarisés, et 10 470 bénéficient d’une notification, 1er et second degré confondus.


Il y a actuellement 3 800 AESH. L’Académie affirme que d’ici la fin du mois de décembre, tous les postes d’AESH seront pourvus. Toutefois, elle reconnait que malgré cette amélioration du recrutement, cela ne suffit pas à couvrir l’ensemble des notifications. C’est un aveu d’échec de la part de l’institution qui est profondément affligeant ! L’école publique renonce tout simplement à respecter la loi, qui donne droit aux élèves à un accompagnement humain. Cela dégrade fortement la scolarisation des premiers concernés, mais aussi celle des autres élèves, ainsi que les conditions de travail des enseignant-es.


Par ailleurs, un nombre important d’élèves devrait bénéficier d’une place dans une structure médico-sociale, mais sont scolarisés dans une école faute de place en structure spécialisée. Ce n’est pas acceptable. Un travail de fond devait être engagé avec l’ARS à Paris pour que lumière soit faite sur les places et les dispositifs de prise en charge des élèves qui ont besoin de structures médico-sociales. Lors du CDEN, la FSU a interrogé l’Académie sur l’avancée de ce dossier.
L’Académie s’est engagée à fournir les données sur les créations de places en ESMS engagées par l’ARS. La FSU saura rappeler cet engagement dans les mois qui viennent.


Enfin, la FSU-SNUipp Paris, a confronté l’Académie et le Service de l’école inclusive (SEI) aux difficultés rencontrées par les enseignant-es référent-es (ERSEH). Ils-elles peuvent suivre jusqu’à 300 dossiers d’élèves ! C’est une charge de travail beaucoup trop importante pour les personnels et qui dégrade la qualité du suivi dû aux élèves. Le responsable du SEI a d’abord nié les chiffres avancés par les représentant-es de la FSU-SNUipp pour finalement reconnaitre qu’ils étaient justes et que notre demande d’ouverture de poste était légitime. La question sera étudiée lors des opérations de carte scolaire.


Pour le maintien des décharges de direction d’école

La FSU-SNUipp a profité du CDEN pour alerter la Ville et l’Académie sur l’état d’esprit des directeurs et directrices en ce début d’année. La charge et la complexité des missions, en dehors même du cumul d’emploi, sont importantes et source de stress pour de nombreux-ses collègues. La mise en place chaotique de Paris Famille a pu rendre infernales certaines tâches quotidiennes, et les difficultés dépassent la seule prise en main d’un nouvel outil. Coté éducation nationale, les décrets Rilhac n’ont apporté aucune réponse concrète aux difficultés des directeur-trices et contribuent à détériorer les relations entre adjoint-es et direction.


La Ville a reconnu les dysfonctionnements de Paris Famille et les difficultés que cela a engendré. Le Maire adjoint chargé des affaires scolaires a présenté ses excuses aux directeur-trices d’école et assuré que tout était fait pour que les problèmes soient résolus rapidement en prenant en compte les retours des écoles.


Par ailleurs, les élu-es de la FSU-SNUipp ont questionné le Maire adjoint et la Dasen sur le maintien du régime spécial des décharges de direction des écoles parisiennes suite au référé de la cour des compte. La Ville a réaffirmé sa volonté de maintenir les compléments de décharge de direction et s’est engagée à défendre ce système dans l’intérêt des écoles, des élèves et de leurs familles. Elle s’est voulue rassurante sur le contentieux qui oppose la ville de Paris et le Ministère sur la convention, suspendue depuis 2019, les discussions étant en cours. Concernant la cour des comptes, la Ville a rappelé que déjà en 2007 et 2018, des rapports avaient pointé la spécificité parisienne comme pouvant marquer une rupture d’égalité entre les territoires. Ce positionnement n’aurait donc rien de nouveau mais la Ville reconnaît que le contexte politique, notamment budgétaire, est différent aujourd’hui et peut représenter une menace à moyen terme. La Ville a affirmé que la direction d’école aujourd’hui s’était fortement complexifiée et que l’augmentation du temps de décharge était une nécessité, pour les écoles parisiennes, mais aussi pour toutes les écoles de France. Elle plaide pour un élargissement du système parisien. La Ville reconnait que la perte de décharge serait un séisme absolu pour le service public d’éducation à Paris.


Interrogée également par les élu-es de la FSU, la Dasen n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet, expliquant qu’elle n’est pas partie prenante des discussions ou décisions qui se feront au Ministère.


La FSU-SNUipp a réaffirmé qu’elle sera à l’offensive avec les personnels des écoles pour garantir la continuité du système actuel, qui loin d’être un privilège, est indispensable au bon fonctionnement des écoles parisiennes.


Rythmes scolaires : les enseignant-es doivent être consulté-es !

La FSU-SNUipp Paris a de nouveau interpellé la Ville et l’Académie sur la question des rythmes scolaires parisiens. Elle a rappelé l’opposition massive des personnels à l’organisation actuelle de la semaine scolaire à Paris, qui engendre une surcharge de fatigue et des difficultés d’organisation personnelle comme professionnelle. L’année dernière, la Mairie avait annoncé la mise en place d’une évaluation indépendante de l’offre périscolaire à Paris. La FSU-SNUipp a interrogé la Ville sur l’avancée de cette évaluation, son calendrier et son déroulement. La Ville a répondu que l’évaluation avait démarré, et que les enseignant-es comme leurs organisations représentatives seraient entendues dans ce cadre.


La FSU-SNUipp continue à revendiquer la fin du système actuel, la consultation des enseignant-es et le respect de l’avis majoritaire.


Pour le relogement immédiat des enfants à la rue

La FSU-SNUipp Paris a interpellé la Ville et l’Académie sur la terrible réalité de centaines de nos élèves qui sont sans solution de logement et dorment régulièrement à la rue. Elle a salué la mobilisation solidaire des écoles, des personnels comme des parents d’élèves, et celle des citoyen-es bénévoles qui œuvrent chaque jour pour mettre à l’abri ces familles. Avec le collectif Jamais sans toit, la FSU-SNUipp exige que toutes les institutions (Académie, Ville, Département, Région) se mobilisent pour trouver des solutions immédiates de mise à l’abri de ces familles et exiger de l’État des solutions de logement pérennes.


La FSU soutient la mobilisation pour la réquisition des bâtiments vides, comme le lycée Georges Brassens dans le 19e arrondissement, pour mettre à l’abri les familles au plus vite.


La Ville, comme les élu-es d’arrondissements présent-es lors du CDEN, ont assuré leur volonté d’œuvrer en ce sens, tout en rappelant que l’hébergement d’urgence est une prérogative de l’État. Plusieurs bâtiments municipaux ont été mis à disposition pour la mise à l’abri des familles. Les discussions avec la région et les mairies d’arrondissements sont en cours pour l’ouverture de deux lycées (Georges Brassens dans le 19e et Brassaï dans le 15eme).


La FSU-SNUipp continuera à participer au collectif Jamais sans Toit, à soutenir les actions des écoles et à intervenir auprès des acteurs-trices institutionnel-les pour que des solutions soient trouvées. La FSU-SNUipp Paris invite les collègues à prendre contact avec le syndicat pour se faire accompagner sur ces sujets.


Règlement type départemental : la FSU-SNUipp entendue

Lors du groupe de travail qui s’était tenu le 7 novembre, les élu-es de la FSU-SNUipp avait porté un certain nombre de demandes pour amender le règlement type départemental. Pour rappel, l’année dernière, le travail effectué sur le règlement type n’avait pas pu aboutir, les responsables académiques en charge du dossier ayant perdu les documents de travail ! Cette année, les travaux du GT ont permis d’aboutir à une version finale, votée lors de ce CDEN. La quasi-totalité des propositions de la FSU-SNUipp Paris ont été intégrées dans la nouvelle version. Le compte-rendu du groupe de travail est consultable dans cet article.


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