Au sommaire
publié le 11 février 2022
« Le mépris ». Voilà un mot que notre organisation syndicale a beaucoup dit et écrit depuis quelques années, voilà un sentiment qui est trop souvent ressenti et partagé par de nombreux-ses collègues.
Nous ne pouvions aujourd’hui pas commencer cette CAPD consacrée aux recours PPCR et au CFP sans, une fois encore, vous alerter sur le mal-être de l’École et de ses enseignant-es. Malheureusement, force est de constater que l’Académie ne fait rien pour améliorer la situation.
Prenons des exemples très concrets :
– mépris envers les collègues qui ne reçoivent aucun message quand Iprof dysfonctionne, qui font souvent face au silence des services de l’Administration lorsqu’ils-elles ont des demandes d’explication ou de rattrapage d’erreurs et la liste est longue...
– mépris du ministre avec ces protocoles inapplicables qui ne protègent personne et créent des tensions peut-être irréparables avec les parents
– mépris envers les représentant-es du personnel en envoyant les documents au dernier moment, amputés de la moitié des informations – comme pour la carte scolaire par exemple – qui empêche un dialogue construit, dans l’intérêt du métier et des personnels. Et donc in fine mépris des écoles et de leur investissement auprès des élèves.
La Loi de Transformation de la Fonction publique rend toutes les opérations opaques : les décisions sont de plus en plus secrètes et bien souvent, les personnels ne les comprennent pas. L’Administration n’a en rien amélioré sa communication. Les collègues se trouvent donc de plus en plus démuni-es, ne comprenant rien aux décisions prises (CFP, CPF, avancement de carrière, mouvement inter et intra…).
Ils-elles sont amené-es à faire des recours individuels pour espérer comprendre un peu mieux et faire entendre leur voix. C’est bien une perte de temps et de droits pour chacune et chacun.
Le Ministère et l’Académie mettent en avant les RH de proximité, l’accompagnement à la mobilité, mais quasiment rien n’est possible : le nombre de CFP octroyés est ridiculement petit, le CPF est géré de manière absolument opaque et incompréhensible pour le commun des enseignant-es, le mouvement interdépartemental est plus que contraint, les temps partiels, dispos et détachements très limités.
Nous en avons parlé au Recteur en CHSCT, nous vous alertons à nouveau : le groupe RPS 1er degré promis en décembre n’est toujours pas acté, aucune suite n’a été donnée à notre connaissance à l’enquête qui a occupé le CHSCT pendant une bonne année, les directeur-trices croulent toujours sous les tâches administratives sans intérêt, les relations avec les parents se tendent au vu du manque de remplaçant-es tellement criant. Les retraité-es et les mères de familles n’ont apparemment pas répondu à l’appel, et personne au rectorat ne semble en tirer des leçons...
Par ailleurs, nous avons été interpellé-es par certain-es collègues sur le panel de la DEPP qui entraîne une grosse surcharge de travail. Il faudrait prévoir une aide (et pas uniquement pour la partie numérique de ces évaluations) et du temps pour ces passations.
Les évaluations d’école viennent s’ajouter à une situation de travail déjà très dégradée. Les équipes, déjà épuisées par la crise sanitaire et sa gestion, n’ont pas besoin de ces évaluations, outil de management chronophage, qui ne permettra pas de répondre aux besoins des écoles. Pour cette année scolaire, il était prévu que la participation à ces évaluations se fasse sur la base du volontariat (d’après le conseil d’évaluation de l’école), nous insistons pour que ce soit bien le cas et que les écoles qui souhaitent se concentrer sur leur travail au quotidien. Ainsi que le SNUipp-FSU Paris l’a déjà fait, nous vous redemandons les textes réglementaires.
Nous ne pouvons aujourd’hui que constater que la crise sanitaire et le décrochage scolaire qu’elle entraîne chez certain-es élèves n’aura même pas permis un investissement ou un plan d’urgence pour l’éducation comme d’autres pays ont eu le courage de le faire. Nous continuons à réclamer ce plan d’urgence.
Au-delà des moyens horaires et humains pour assurer toutes ces missions et permettre de travailler et d’étudier dans de bonnes conditions, c’est aussi l’attractivité salariale de nos métiers à laquelle il faut s’attaquer.
Le 27 janvier, les enseignant-es, PsyEN, CPE, AESH et autres salarié-es de la fonction publique étaient dans la rue pour réclamer une augmentation salariale. C’est 2 mois de salaire que nous avons perdu depuis 2000. Il est urgent de revaloriser le corps enseignant. Et pas seulement : il faut aussi revaloriser les infirmier-es, les assistants sociaux, les personnels administratifs… Et évidemment les AED et les AESH qui sont parmi les plus précaires. Nous revendiquons des augmentations sélectives, et pas des primes au mérite qui compliqueront encore notre quotidien.
Notre métier est échaudé et les personnels vacillent, il est maintenant grand temps de prendre la mesure de la maltraitance éprouvée et de mettre des moyens pour reconstruire ce qui a trop été méprisé et détruit.