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Déclaration liminaire au CSA Carte scolaire du 14 février 2023

publié le 14 février 2023

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Nous sommes ici aujourd’hui en Comité social d’administration pour traiter les 155 suppressions de postes de l’Académie de Paris, dans un contexte de suppression de 1 117 postes nationalement. Du jamais vu depuis plus de 10 ans et même depuis plus de 40 d’après nos anciens !

Le SNUipp-FSU dénonce ces suppressions de postes massives qui vont fortement dégrader les conditions d’enseignement des professeur-es et les conditions d’apprentissage des élèves, notamment les plus fragiles. Le manque criant de remplaçant-es, de maître-sses E et G et de psychologues scolaires en Rased, et de moyens humains pour réaliser l’inclusion (AESH, enseignant-es référent-es entre autres) auraient dû amener le Ministère à prendre une toute autre décision. Le Ministère aurait dû s’appuyer sur la baisse des effectifs dans les écoles parisiennes pour améliorer les conditions de travail des enseignant-es et les conditions de scolarité des élèves, au lieu d’en profiter pour supprimer des postes.

La réduction des inégalités scolaires si chère au Ministre, ne pourra se faire sans un véritable engagement national et académique, afin que le mot égalité écrit au fronton des écoles soit une réalité. Dans un contexte où les conditions de vie des familles se dégradent fortement, où les conséquences de la crise sanitaire sont réelles sur les jeunes enfants qui pour certain-es ont de grandes difficultés à trouver leur place à l’école, où les enjeux sociétaux, culturels et environnementaux portés par l’École sont immenses, les moyens alloués au service public d’éducation sont insuffisants au vu des ambitions affichées à grand renfort de communication du Ministère.

Remplacement, inclusion, élèves explosifs

À cause de ces suppressions de postes, les graves difficultés de remplacement au sein de l’académie vont perdurer. Aucun poste de remplacement n’est créé en cette carte scolaire, alors que les difficultés de remplacement sont quotidiennes. Des brigades sont placées sur des postes vacants, parfois depuis le début de l’année, ce qui ne permet donc pas d’assurer le remplacement quotidien.

Aujourd’hui l’Académie affiche sa priorité pour l’inclusion des élèves en situation de handicap mais les moyens sont-ils vraiment mis ? Comment un-e enseignant-e peut-elle-il accompagner un-e élève en inclusion alors que dans le même temps son effectif est déjà augmenté d’élèves en fond de classe car les absences du jour ne sont pas remplacées ? Dans combien d’écoles les équipes se retrouvent-elles en grande souffrance, faute de pouvoir assurer correctement la prise en charge d’élèves en situation de handicap ? Combien de notifications MDPH ne sont pas honorées car aucune AESH n’est nommée ? Combien d’équipes font face à des situations d’élèves dits à comportement hautement perturbateur, qui arrivent à des points de non-retour faute d’avoir pu être pris en charge plus tôt par des enseignant-es spécialisé-es, dont la mission première est la prévention des difficultés scolaires et non celle de "pompiers de la lutte contre l’échec scolaire" ?

Ces questions sont rhétoriques, l’état des personnels de l’Académie est préoccupant, en témoignent les nombreuses fiches RSST et les nombreux appels de collègues au bord de l’épuisement professionnel.

Effectifs

Concernant les effectifs par classe, l’Académie affirme pouvoir préserver d’excellentes conditions d’enseignement à la rentrée 2023, lors de l’étude des mesures nous vous montrerons très concrètement comment les fermetures de classe vont dégrader les conditions d’accueil et d’apprentissage des élèves.
Pour rappel, la France est le pays avec les classes les plus chargées d’Europe (22 élèves par classe en France). Et Paris, avec 19,9 élèves par classe, même si elle est l’une des académies la mieux dotée de France, reste au dessus de la moyenne européenne (19,2) et loin devant l’Italie ou les pays baltes.
Si la réduction des effectifs en CP, en CE1 et en GS est un premier pas, cette baisse doit avoir lieu dans tous les niveaux de classe. Elle ne doit pas non plus être un frein à la réflexion collective et pédagogique des équipes dans la structure des écoles.

Formation

En ne créant pas de postes de remplacement, l’Académie ne pourra mener un plan académique de formation ambitieux sur temps scolaire et remplacé alors même que la mise à jour des connaissances scientifiques et pédagogiques et l’échange de pratiques sont aussi des maillons essentiels pour la réussite des élèves. La pénurie de remplaçant-es a déjà un impact très fort sur les possibilités de départ en formation, et cela va perdurer. De plus, alors que la formation et l’accompagnement des jeunes collègues et des équipes passent nécessairement par la création de postes de PEMF et de Conseiller-e Pédagogique de Circonscription, les conditions de travail de ces personnels se trouvent tellement dégradées que de plus en plus souhaitent quitter la fonction, entrainant des occupations de postes par des faisant-fonction, qui n’ont donc pas de certification.

Le SNUipp-FSU demande qu’une réflexion soit menée en profondeur sur les questions de formations initiale et continue.

Conditions de travail, attractivité, salaires, retraites

Après avoir dressé ce tableau, la question est désormais : est-ce avec des conditions d’enseignement fortement dégradées que le Ministre compte rendre l’Académie de Paris plus attractive ?! Pour le SNUipp-FSU, la réponse est toute trouvée !

Alors que le décrochage salarial est une préoccupation majeure des personnels des écoles, en plus des suppressions de postes, le Ministère propose comme unique solution un « travailler plus pour gagner plus ». Le Pacte enseignant est une marque de plus du mépris insupportable que subit notre profession et montre la méconnaissance des réalités de terrain des enseignant-es du premier degré.

Le SNUipp-FSU continuera de mobiliser la profession contre les réformes iniques et pour une revalorisation de salaires de 300€ pour toutes et tous sans contre-partie, des conditions de travail améliorées et un système de retraites juste. Les enseignant-es ne travailleront ni plus ni plus longtemps !

En conclusion, le SNUipp-FSU ne peut se résoudre à voir se dégrader continuellement les conditions d’enseignement et d’apprentissage dans les écoles parisiennes. Notre syndicat continue de revendiquer un plan d’urgence pour l’Éducation. Le service public n’est par une charge, mais bien un investissement pour l’avenir.

Dans le contexte actuel, dans lequel, chacun reconnaît l’importance d’une politique ambitieuse pour l’Éducation, le SNUipp-FSU est déterminé à porter, avec les personnels, ces revendications. Le Ministère doit faire de l’enseignement primaire une priorité ! En donnant les moyens nécessaires aux écoles et en revalorisant fortement le métier d’enseignant-e.

Nous tenons d’ailleurs à informer les membres de ce CSA qu’au moment même où nous faisons notre déclaration, des centaines de collègues, représentant des dizaines d’écoles, sont très mobilisé-es devant les grilles du Rectorat pour s’opposer aux 155 suppressions de postes.

J’ajoute pour finir que dans l’intérêt des écoles qui attendent les résultats des mesures de carte scolaire, et à titre tout à fait exceptionnel, le SNUipp-FSU n’était pas favorable au report du CDEN de jeudi 16 février au lundi 6 mars, bien qu’une journée de mobilisation contre la réforme des retraites soit appelée par les organisations syndicales.


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