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Déclaration liminaire au CDEN du 6 mars 2023

publié le 6 mars 2023

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Nous sommes ici aujourd’hui en Comité Départemental de l’Éducation nationale pour traiter des 155 suppressions de postes dans le premier degré et de leurs déclinaisons en quelques 176 fermetures de classes que projette l’Académie de Paris pour la rentrée 2023.
Cette dotation négative représente une véritable saignée, d’une ampleur jamais égalée depuis plus de 10 ans !

Le SNUipp-FSU continue de dénoncer ces suppressions de postes massives qui vont fortement dégrader les conditions d’enseignement des professeur-es et les conditions d’apprentissage des élèves, notamment les plus fragiles. Il revendique l’annulation des fermetures de classes contestées, l’ouverture des classes revendiquées par les écoles concernées, et des moyens à la hauteur des besoins.

De telles coupes dans les emplois ne peuvent pas garantir la réussite de tous-tes les élèves, la réduction des inégalités, la réussite de l’inclusion des élèves en situation de handicap, la prise en compte des besoins particuliers de certain-es élèves, un climat scolaire apaisé, le respect du bien-être et des besoins fondamentaux des enfants, la continuité des apprentissages, la formation continue des enseignant-es… En clair, c’est la qualité du service public d’éducation qui est mise en cause !

Pour le SNUipp-FSU, la baisse de la démographie scolaire à Paris a un effet d’aubaine pour le Ministère qui s’appuie sur cela pour effectuer des coupes budgétaires. Comment comprendre autrement ce chiffre colossal de 155 postes supprimés ?

Loin de la volonté affichée de donner priorité à l’école publique, et d’investir dans le 1er degré pour réduire l’échec scolaire, on voit désormais ce qui guide les choix du gouvernement : l’économie de budget.

Attractivité de notre métier

Le SNUipp-FSU n’a de cesse d’alerter l’Académie et le Ministrère sur l’état d’esprit de la profession : les enseignant-es vont mal ! Leurs conditions de travail, comme leurs droits à la formation, au temps partiel, à la mobilité géographique ou professionnelle se dégradent d’années en années. Les conditions d’exercice du métier dans les classes sont de plus en plus difficiles. L’accumulation d’injonctions administratives ou pédagogiques vide de sens notre métier jour après jour… Les relations avec l’Administration ou la hiérarchie se tendent, voir disparaissent dans des silences prolongés qui laissent les enseignant-es seul-es face à leurs difficultés.

On nous accuse parfois, ouvertement ou à demi-mot, de grossir le trait, de noircir le tableau… Pourtant qui peut ignorer ces faits très révélateurs : l’augmentation du nombre de démissions concomitantes à la baisse du nombre de candidat-es aux concours de recrutement ? Le SNUipp-FSU alerte depuis des années sur la dégradation du métier… Quand le gouvernement et l’Académie vont-ils en prendre la mesure ?

L’Académie nous a affirmé que les fermetures de classes se feraient sans heurt, et que les écoles parisiennes conserveront d’excellentes conditions d’apprentissage pour les élèves… Permettez-nous de vous montrer, de façon très concrète, lors de de l’étude des dossiers, que ce n’est pas le cas. Qu’un grand nombre d’écoles se mobilise pour contester les projets de fermetures et défendre ainsi les conditions d’accueil et d’apprentissage des élèves !

Effectifs

Permettez-nous également de rappeler que ce que l’Académie ou le Ministère considère être des effectifs de classe exceptionnellement bas, représente bien souvent des effectifs déjà bien plus hauts que les effectifs moyens au sein de l’Union Européenne. À quel moment avons-nous collectivement décidé que 26, 27, 28 ou 30 élèves dans une classe, pouvait permettre à toutes et tous de vivre une scolarité riche, épanouissante et réussie ? À quel moment renonçons-nous à porter une autre ambition pour les élèves ?

Au moment où Paris se vide de ses habitant-es, au moment où les enseignant-es parisien-ness cherchent massivement à quitter l’académie, quand ils ne cherchent pas tout simplement à quitter l’éducation nationale, au moment où les jeunes ne sont plus attirés par le métier d’enseignant-es et où l’on comble les manques par le recrutement massif et précipité de contractuel-les, dont les conditions d’accompagnement et de formation sont loin d’être satisfaisantes, au moment où le ministère organise la mise en concurrence des écoles entre elles par la multiplication de dispositifs d’évaluation… Le choix est fait de supprimer 155 emplois dans l’Académie de Paris et de fermer 176 classes !

Au moment où les enseignant-es comprennent que leur revendication de revalorisation salariale restera lettre morte, où le ministre ne leur propose que de travailler plus, au moment où le gouvernement veut nous faire travailler deux ans de plus avec des perspectives de pensions incomplètes… Le choix est fait d’alourdir les effectifs de classe, et de ne résoudre aucune des difficultés réelles rencontrées sur le terrain : remplacement, formation, enseignement spécialisé, etc…

Pour des moyens à la hauteur des ambitions de l’École publique !

En outre, chacun sait que nous vivons aujourd’hui’hui dans un contexte particulier, où les conditions de vie des familles se dégradent fortement, où les conséquences de la crise sanitaire sont réelles sur les jeunes enfants qui pour certain-es ont de grandes difficultés à trouver leur place à l’école, où les enjeux sociétaux, culturels et environnementaux portés par l’École sont immenses. Dans ce contexte, les moyens alloués au service public d’éducation sont toujours aussi insuffisants au vu de ses ambitions, pourtant affichées à grand renfort de communication par le Ministère.

En conclusion, le SNUipp-FSU ne peut se résoudre à voir se dégrader continuellement les conditions d’enseignement et d’apprentissage dans les écoles parisiennes. Notre syndicat porte la voix des enseignant-es qui partout se mobilisent massivement pour défendre l’école publique, leurs conditions de travail, leurs salaires et leurs retraites ! Notre syndicat continue d’exiger un plan d’urgence pour l’Éducation. Le service public n’est par une charge, mais bien un investissement pour l’avenir. Nous n’accepterons pas de voir l’école publique devenir un service minimal…

Dans le contexte actuel, dans lequel, chacun reconnaît l’importance d’une politique ambitieuse pour l’Éducation, le SNUipp-FSU est déterminé à porter, avec les personnels, ces revendications. Le Ministère doit faire de l’enseignement primaire une priorité ! En donnant les moyens nécessaires aux écoles et en revalorisant fortement le métier d’enseignant-e.

Voeu intersyndical

À l’initiative du SNUipp-FSU, l’intersyndicale et la FCPE ont fait voter un voeu en début de ce CDEN.
Ce voeu voté à l’unanimité des votant-es (l’Académie ne vote pas) devra être porté à la connaissance du Ministre.

M. le Recteur, M. le Directeur de l’Académie, le CDEN de Paris s’oppose aux 155 suppressions de postes dans le premier degré qui entrainent près de 180 fermetures de classes et une absence totale de moyens supplémentaires, et pourtant nécessaires, sur le remplacement ou la formation notamment. Nous dénonçons la dégradation des conditions de travail des personnels et d’apprentissages des élèves que cela va entrainer. Nous dénonçons l’absence d’investissement dans le service public d’enseignement à Paris et la logique d’économie budgétaire qui conditionne cette dotation négative. Le CDEN de Paris revendique le maintien des emplois, l’annulation des fermetures de classe contestées par les écoles, et demande au Ministère l’octroi d’un budget à la hauteur des besoins.


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