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Déclaration liminaire du SNUipp-FSU au CDEN du 16 février 2012

publié le 17 février 2012

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Monsieur le directeur d’académie,

Derrière les mesures de carte scolaire que vous nous présentez aujourd’hui pour la rentrée 2012, impossible de cacher l’obsession budgétaire ministérielle dictée par la Révision Générale des Politiques Publiques et le dogme libéral de non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. A vous ensuite au niveau académique de prendre la calculette afin de savoir quelle va être la cible des coupes claires pour respecter ces directives. Peu de changement par rapport à l’an passé dans les catégories de postes visées par les 98 suppressions dans les écoles parisiennes. Ce sont les postes d’intervenants et assistants de langue vivante, les remplaçants, les Rased (Réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficultés). Avec la fermeture de 40 classes, celles-ci ne sont pas en reste.
C’est bien l’école dans son ensemble qui est atteinte. A la rentrée prochaine, les classes vont être surchargées. Les remplacements, quand ils seront effectués, le seront par des personnels précaires sans formation comme c’est le cas dans deux ULIS et deux Segpa actuellement.
Les enseignants auront encore moins la possibilité de se former. Les élèves en difficulté scolaire seront laissés encore plus de côté. Continuer sur cette voie n’est plus de l’obstination mais de l’aveuglement face à la dégradation actuelle des conditions de travail des enseignants et des conditions d’apprentissage des élèves.
Force est de reconnaître que tout au long du CTAvous n’avez eu de cesse de justifier le projet de carte scolaire parisienne en raison de l’enveloppe limitée de postes fixée par le Ministère. De nombreuses revendications ou questions sont restées sans réponse... A mots plus ou moins couverts, vous avez reconnu que la situation des élèves parisiens ne serait pas idéale pour le moins suite à ces 98 suppressions de postes. Cette vision de l’école est contraire à notre vision d’une école ambitieuse,indispensable à la réussite de tous les élèves, que porte le SNUipp-FSU. Il revendique l’arrêt des suppressions de poste et la restitution des 70 000 postes supprimés depuis 2008.
Après le 31 janvier où 40 % des enseignants des écoles parisiennes étaient en grève et 60 écoles fermées, le SNUipp FSU continue la mobilisation. Pour l’instant, l’académie et le Ministère n’entendent pas la colère des parents d’élèves et des enseignants parisiens qui revendiquent une autre politique éducative avec notamment d’autres moyens pour l’école.
Alors même que je vous parle, les délégations d’écoles sont aux portes du rectorat, afin d’être reçu, dans l’espoir que cesse cette destruction du service public d’Education. La mobilisation ne cessera pas avec les vacances de février. Dans le contexte électoral actuel, dans lequel, chacun reconnaît l’importance d’une politique ambitieuse pour l’Education, le SNUipp-FSU est déterminé à porter, avec les personnels, ses revendications.

Revendications que nous développerons au cours des débats. Mais, nous tenons à dénoncer dès à présent, les mesures inacceptables contenues dans le projet académique.

Le SNUipp-FSU n’accepte pas la suppression des postes d¹enseignants
spécialisés des Rased, et revendiquons l’ouverture des 27 postes supprimés à la rentrée 2011 et les 72 postes qui ont été supprimés il y a trois ans. En 4 ans, ce sont 34% des postes de Rased qui ont été supprimés (hors psychologue scolaire. L’objectif visé est bien de démanteler les réseaux,d’alourdir leurs tâches en augmentant le nombre d’écoles dans lesquelles ils interviennent pour que leur mission ne soit réduite qu’à jouer « les pompiers de la lutte contre l’échec scolaire ». La prévention est une de leur mission première, celle-ci permet aux écoles de remédier aux difficultés des élèves avant qu’elles ne se transforment en échec scolaire durable.
Le nouveau projet académique, concernant l’aide aux élèves en difficultés ne fait qu’acter cette restriction des missions des réseaux dont la mission première revient à n’avoir qu’un rôle d’accompagnement des enseignants qui gèrent seuls au quotidien, des élèves qui sont dans un grand « mal-être social » et/ou en situation de handicap et auxquelles l’école n’apporte plus de solutions.
Le SNUipp-FSU n’accepte pas cette redéfinition des missions, et continue de
revendiquer un système éducatif à même de prévenir la difficulté scolaire,
et d’y remédier.
Nous n’insisterons pas dans notre déclaration sur La justification académique des suppressions d’emplois des Rased, par la transformation des heures d’aide personnalisée en emploi au service de la lutte contre la difficulté scolaire ne tient pas la route pédagogiquement. Cette argumentation, je ne suis même pas sûr que vous y croyez vous-même. Nous le disons depuis 4 ans, cet argument est inacceptable ! Les aides personnalisées n’ont rien à voir avec la remédiation d’un élève en grande difficulté scolaire effectuée par un maître de Rased et ce n’est pas là un état d’âme, mais les bilans effectués par les enseignants eux-mêmes. Bien évidemment, tout le monde sait que le travail en petit groupe avec l’enseignant de la classe, qui était déjà mis en place avant les heures d’aides personnalisées, est intéressant pour faire réussir les élèves et peut aider des élèves rencontrant des difficultés passagères, mais celui-ci doit se faire pendant le temps de classe, et cela, ça nécessite des moyens !
Les ratios que vous nous présentez parlent d’eux même : 5 000 pour un maitre de Rased dans le 16ème ou dans le 5/6ème, 3 400 dans une circonscription du 20ème ou du 19ème…
Les propositions de départ en stage CAPA SH constituent une autre face de l’austérité budgétaire. Alors que les besoins sont réels dans les options E, G et psychologue scolaire, l’académie refuse tout départ. Il est également indispensable d’augmenter aussi les départs en option C.
Vous organisez, le démantèlement des Rased en asséchant le volume de personnels spécialisés en plus de suppressions de postes. Le SNUipp FSU condamne cette politique et vous demande de revenir sur celle-ci.
Enfin, pour conclure sur la question des Rased, le défléchage des 36 postes de classes expérimentales ne fait que confirmer ce que nous avons dit en 2008. Ils ne servaient que de prétexte à la suppression des 72 postes de Rased.

D’autre part, derrière la suppression des postes de remplacement, se dessinent des attaques multiples. Tout d’abord, contre les statuts des personnels puisque cette suppression acte le retour de personnels contractuels sans
qualification particulière dans les écoles. Elles actent également la fin de
la formation continue des enseignants. Selon les documents parcellaires reçus par l’académie qui n’intègrent pas un certain nombre d’annulations de stage, 1200 journées de stage ont déjà été annulées faute de moyens de remplacement (PAF 2011/2012 : 18 821 journées stagiaires dont 3 855 sans remplacement). D’ailleurs, nous souhaiterions que vous précisiez ce que l’académie entend par l’organisation d’autres modalités de formation lorsqu’elle justifie la suppression de 25 BDFC. S’agit-il de formation trouvée par les enseignants et qu’ils financeraient ? La participation à ces stages se feraient-elles les week-ends, les mercredis ou pendant les vacances scolaires ? Enseigner est un métier qui s’apprend et cela tout au long de sa carrière. Si la participation à des stages de formation continue est un droit pour les enseignants, l’Institution a le devoir de mettre en place les formations sur temps scolaire pour l’exercice de leur droit.
D’ailleurs, nous tenons à réaffirmer que le SNUipp-FSU continue à
revendiquer le retour de l’année de formation initiale professionnelle
rémunérée supprimée il y a deux ans. La loi Grosperrin examinée actuellement au Parlement ne fait que liquider le peu de garanties qu’il restait concernant la survie des IUFM.
Enfin, impossible de traiter de la suppression des postes de remplacement de cette année et des années passées sans dénoncer la situation de pénurie que vit l’académie.

Concernant les suppressions de classes et le refus de l’académie d’ouvrir des classes où cela est nécessaire, l’académie se prévaut qu’il y aura autant de classes à la rentrée prochaine dans l’académie de Paris que cette année. Nous ne partageons pas ce satisfecit que l’académie s’adresse ne serait-ce qu’en raison de la moyenne parisienne du nombre d’élèves par classe bien supérieur à la moyenne. Cette moyenne n’intègre d’ailleurs pas les élèves placées en fond de classe en raison du non remplacement de leur enseignant absent.
D’autre part, ce satisfecit, nous ne l’acceptons pas au regard de l’absence de moyens réels accordés à l’éducation prioritaire : la différence entre les écoles ZEP et non ZEP au niveau des effectifs est faible à Paris. En 2011, en maternelle, la différence dépassait juste les deux élèves par classe en moyenne et en élémentaire, cette différence n’atteignait même pas les deux élèves par classe.
Enfin, ce satisfecit nous ne l’acceptons pas car cela contredit nos revendications de 20 élèves par classe en ZEP et 25 dans les écoles non ZEP.
Nous défendrons chaque école concernée et vous demandons d’ores et déjà de bien vouloir entendre les revendications des écoles
Enfin, le SNUipp-FSU continue de dénoncer le renoncement académique à la scolarisation des moins de trois ans.

Concernant l’ASH, le SNUipp-FSU a entendu en CTA vos justufications de l’absence de création de CLIS alors même que 8 élèves de plus sont attendus et que nombre d’élèves n’ont pu bénéficier de la scolarisation en CLIS faute de place cette année. Nous souhaitons avoir confirmation de la Ville de Paris que si les prévisions s’avéraient sous-évaluées, l’académie travaillait avec la Mairie pour localiser deux écoles où pourraient être ouvertes deux CLIS en juin.

De manière plus large, nous vous demandons de bien vouloir nous communiquer l’état réel des chiffres concernant le manque d’AVS et d’AVSi. Le non respect des prescriptions de la MDPH produisent des effets désastreux sur les conditions d’apprentissage de l’élève concerné et celles des élèves de la classe, ainsi que sur les conditions de travail des enseignants.

Pour finir, nous avons bien entendu vos propositions concernant les mesures techniques condernant les transformations de poste de PEIMF. Nous nous felicitons de ces avancées qui font suite à l’argumentation et la ténacité du SNUipp-FSU. La question des DMA et des quelques transformations de postes restent à discuter.

Derrière cette carte scolaire, c’est donc bien l’école dans son ensemble qui est attaquée. Nous tenons donc à réaffirmer qu’une autre école est possible, une école permettant la réussite de tous les élèves et garantissant des conditions de travail satisfaisantes pour les personnels. Cette école n’a rien à voir avec ce que souhaite le ministre, une école qui ne servirait qu’à
repérer les plus méritants.
Pour ne pas alourdir cette déclaration, nous n’évoquerons pas les réformes idéologiques qui accompagnent les suppressions de postes qu’ils concernent les élèves et/ou les enseignants : socle commun, LPC, réforme de l’évaluation et de l’avancement…mais le SNUipp-FSU est bien conscient qu’ils forment un tout dans l’objectif d’une casse programmée du service public d’éducation.


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