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publié le 9 avril 2021
Les mensonges concernant les masques (« Dans la population générale, le port du masque n’a pas d’utilité », Ministre des solidarités et de la santé), comme le nombre insuffisant et en constante réduction des lits d’hôpitaux, sont le résultat d’une dégradation des politiques publiques en matière de santé. On pourrait ajouter le tarissement de la recherche publique qui nous empêche aujourd’hui de disposer du vaccin français dont on aurait tant besoin…
Cette situation est le résultat des politiques d’austérité menées au nom du « nécessaire remboursement » de la dette publique !
Depuis des années c’est au nom de ce fameux « remboursement de la dette » que sont comprimées les dépenses publiques, que sont gelés les salaires, et que sont réduites les pensions de retraite…
C’est cette même logique qui conduit à la fermeture des classes, au non-remplacement, ou à l’imposition des heures supplémentaires dans le second degré.
La dette d’un état n’a rien à voir avec la dette d’un ménage. Pour une famille le temps du remboursement est compté. Pour un état un nouvel emprunt permettra de rembourser la dette lorsqu’elle arrivera à son terme. En fait l’État ne rembourse quasiment que les intérêts. On dit que la dette roule.
La dette amputerait le fameux PIB… C’est faux ! La dette permet de nouveaux investissements (écoles, hôpitaux, services publics, prestations sociales, etc…) qui sont autant de richesses nouvelles et supplémentaires.
Un Français ne nait pas avec 29 000 euros de dette comme veulent bien le faire croire les libéraux, mais bel et bien avec 4 529 euros de patrimoine net » [1]…
Quand une famille achète des fournitures scolaires avec la prime de rentrée, quand un-e retraité-e fait ses courses ou paie son médecin, ces dépenses privées génèrent de l’activité économique. C’est ce qu’on appelle l’effet multiplicateur : un euro de dépense publique génère plus d’un euro de PIB au final ! Qui s’inquiète aujourd’hui des près de 150% du PIB de la dette du Japon ?
Le discours moralisateur d’une gestion « en bon père de famille » est destiné à faire peur, afin d’obtenir le consentement de celles et ceux à qui va s’appliquer la cure d’austérité… Ne soyons pas dupes !
La dette de l’état n’a rien à voir avec le crédit familial. L’état peut emprunter sur les marchés ou lever l’impôt. L’état peut surtout augmenter ses recettes, notamment par une fiscalisation plus juste, qui pourrait commencer par le rapatriement des milliards d’euros qui dorment au soleil des paradis fiscaux.
Dans le système libéral actuel c’est l’état lui-même qui organise la réduction des recettes.
Un exemple : Le rendement de l’impôt sur les sociétés est passé de 2,5% en 2006 à 1,2% en 2017. Il représentait 16,9% du total des recettes fiscales en 2006 mais n’en représente plus que 9,3% en 2017…
Autre exemple : le CICE, dont même le Sénat pointe le manque de transparence et le risque de fraude, représente un coût de 20 milliards d’euros par an.
« Les services publics de santé, éducation et logement contribuent deux fois plus que les transferts monétaires à la réduction des inégalités de niveau de vie » [2]. La dépense publique est un facteur de réduction des inégalités.
Ne laissons pas s’installer le discours économiste dominant, moralisateur et culpabilisateur… La situation sanitaire a montré la nécessité de développer les services publics dans l’intérêt de toutes et de tous.
Lionel Allain, Annick Concina, Commission des retraités SNUipp-FSU 75
(1) La dette publique, précis d’économie citoyenne, Les économistes atterrés, Seuil, janvier 2021. (p.31)
(2) INSEE, 2008