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« Roms » Stop aux amalgames et aux propos inacceptables !

publié le 28 novembre 2013

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Face aux propos inacceptables tenus sur les « Roms » notamment par le Ministre de l’Intérieur, le SNUipp-FSU tient à remettre les points sur les i sur la situation de ces personnes, notamment sur la scolarisation des enfants « Roms ». Le SNUipp-FSU a donc interviewé Evangeline Masson-Diez, animatrice secours Catholique de Paris en charge du Groupe Roms et auteure de « Micha Elena et les autres », éditions Lacurne.

Le terme ROM est employé de manière générique pourtant ils représentent des populations très diverses ? Qui sont ils en réalité ? Que représente leur groupe en France ?
Effectivement « Roms » veut aujourd’hui tout et rien dire. Il ne signifie pas la même chose pour les Français, les Roumains, ceux qui se déclarent Roms, mais aussi pour l’Europe, les politiques, les sociologues ou les anthropologues ou encore les historiens. Dans le langage politique et journalistique actuel les Roms sont ceux qui vivent en bidonvilles souvent roumains parfois bulgares. Il y aurait aujourd’hui 20 000 personnes dont au moins 50% d’enfants (pour des chiffres plus précis la DIHAL semble avoir fait un recensement assez précis). Pour nous il s’agit simplement de familles migrantes européennes très pauvres vivant en bidonville. A Paris, on estime qu’ils y a entre 500 et 800 personnes en familles en bidonvilles et sur les trottoirs.

Après les déclarations de M Valls et les expulsions des squats et bidonvilles, quel est l’état des lieux des Roms "parisiens" ?
Pas grand-chose n’a changé malheureusement, et ce malgré les déclarations. Les familles restent dans une grande précarité avec un accès limité aux besoins primaires, à l’école, aux soins, à leurs droits... Nous trouvons toujours beaucoup de familles dans les interstices aux portes de la capitale et peu de squats. En plus des bidonvilles très proches de ce qui existe en banlieue, nous avons des installations plus préoccupantes : les familles à même le trottoir. Depuis 2 ans, il y en a de plus en plus dans des quartiers visibles (Bastille, République...). Ces dernières sont de plus en plus précaires, de plus en plus abîmées par l’errance répétée. Nous remarquons un impact direct des expulsions et des prises en charge d’hébergement de courtes durées : les familles viennent à Paris entre deux, pour se reposer, se sentir à l’abri dans la foule et la visibilité. Entre une prise en charge hôtelière ou une expulsion certaines familles sont amenées à passer 1 journée, 1 semaine ou plusieurs mois à Paris par épuisement.

Un an après les circulaires Taubira sur la scolarisation des enfants Roms, y-a-t-il eu une évolution sur cette problématique ?
Pas réellement malheureusement. Certaines familles sont dans une réelle demande de scolarisation et vivent dans une certaine stabilité et dans ce cas, tout se passe bien pour elles malgré les difficultés matérielles.
Pour la majorité des familles de Paris intramuros l’école inaccessible. On observe quelques refus d’inscription en maternelle mais on obtient toujours gain de cause. Par contre, vu l’instabilité des familles (expulsion, prise en charge hôtelière de très courte durée, intimidation qui pousse au déplacement), peu d’enfants des environs de la Place de La bastille et de République vont à l’école. Parfois nous rencontrons des enfants qui n’ont pas été scolarisés depuis des mois et qui sont dans l’incapacité de se projeter dans une fidélité à l’école car ils ne savent pas où ils seront 10 jours plus tard.
On tombe aussi parfois sur des supers profs et des directeurs très humains, qui viennent rencontrer les familles sur les bidonvilles… ce qui aident énormément les familles à s’accrocher et aux équipes éducatives de comprendre les difficultés et les accompagnent avec beaucoup de de tolérance et d’attention.

A la fin de l’année normalement les mesures transitoires vont prendre fin. Les Roms roumains ou bulgares vont devenir des européens comme les autres, cela va t il réellement changer leur situation ?
Je pense que certaines familles vont profiter de l’allègement des procédures pour accéder à l’emploi et par conséquent auront, pour certaines accès au parc privé en terme de logement. D’autres pourront faire plus facilement des petits jobs et se débrouilleront pour améliorer leurs conditions. Par contre, je crains que cela n’ait aucune incidence sur les actes de discrimination et sur le rejet populaire ambiant. Tous les Roms ne vont pas se faire embaucher du jour au lendemain...
Enfin, la crise du logement et de l’hébergement étant ce qu’elle est, les bidonvilles vont rester encore à nos portes pour quelques temps…
Des documents a consulter : http://www.snuipp.fr/Des-outils-pour-la-scolarisation


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