Accueil > À la une > Scolarisation des moins de trois ans Opération réussie cette année

Scolarisation des moins de trois ans Opération réussie cette année

publié le 25 juin 2014

g

Le SNUipp-FSU, tout en étant favorable à la scolarisation des élèves de moins de trois ans, est sceptique sur la réussite de l’objectif annoncé de réduction des inégalités sociales et territoriales avec seulement huit ou neuf postes. Sur le territoire, la scolarisation à deux ans avait connu une baisse continue entre 2001 et 2011 passant de 35% à près de 10% et était marquée par de fortes disparités géographiques (données du SNUipp-FSU). Le taux de scolarisation était de plus de 40% dans certains départements, mais inférieur à 3% à Paris. Les nouvelles classes de « très petite section » tracent donc une voie tout à fait nouvelle. Le retour des équipes que nous avons interrogées est unanime : très belle opportunité, très bonnes conditions d’accueil pour les élèves, meilleures qu’en petite section (comparaison sans appel : au bout de deux jours plus de pleurs alors qu’en PS, ils peuvent durer plusieurs semaines). Les maîtres mots pour que le dispositif fonctionne sont progressivité, adaptation, liberté pédagogique et confiance aux équipes.

Focus sur la classe de Christine DECHAMPS dans le 11e

Qu’est-ce qui vous a intéressé dans ce projet ?

“ Arrivée il y a sept ans dans cette école, après quelques années dans le Val de Marne, j’ai choisi de me lancer l’an dernier dans l’aventure d’une classe de tout-petits. Volontaire, j’ai monté le projet, défendu mes idées au sein de mon école et des différents interlocuteurs (mairie et inspection). Dans l’école et le quartier que je connais bien, pour beaucoup d’enfants le français n’est pas la langue d’origine et certains parents sont distants et en difficulté face à l’école. Je vois cet accueil comme un levier essentiel pour la réussite scolaire de tous les enfants et notamment ceux de milieux plus défavorisés. En nous appuyant sur la circulaire ministérielle, nous avons construit les classes en s’adressant prioritairement à des enfants qui, « pour des raisons sociales, culturelles ou linguistiques, la famille est éloignée de la culture scolaire ». En aucun cas, ces classes ne se substituent aux autres structures pouvant accueillir des enfants, notamment l’accueil en crèche. En effet, la plupart des enfants étaient gardés à la maison ou quelques heures en halte garderie. Et il n’est pas question de confondre les deux. Les enjeux scolaires que nous définissons marquent la différence avec la crèche. Notre posture d’enseignant et notre organisation de la journée sont également très différentes. Il y a aussi des similitudes comme les stimulations apportées par les pairs, l’apprentissage des règles avec souplesse et bienveillance. Chaque jour, je mets l’accent sur la découverte, la manipulation, le langage, l’écoute et la prise en compte de besoins de chacun. Les progrès sont au rendez-vous, c’est une réussite pour tous. Par exemple en début d’année cette petite fille disait « blablabla » et maintenant elle parle « comme un livre » en utilisant « je » et le passé sans problème : « Maîtresse, j’ai tout rangé ». Elle communique désormais avec ses pairs et les adultes sans appréhension.

Comment vous organisez-vous ?

Tout d’abord, la première étape a été la présentation du projet et l’adhésion des parents en mettant en avant l’adaptation. Ensuite, la rentrée a été un grand moment. Les enfants sont arrivés de manière progressive au cours des premières semaines en partant de 5 élèves au début pour atteindre 15 assez rapidement. Un travail en dentelle a été réalisé. La cantine par exemple n’a été envisagée que lorsque les enfants étaient prêts et ce à partir de la troisième semaine. J’ai essayé de dissuader les parents d’inscrire leurs enfants aux ateliers du périscolaire pour leur éviter trop de temps en collectivité, trop de fatigue, trop de bruit. J’ai bien conscience que cela engendre des contraintes pour les parents qui ont malgré tout accepté le cadre présenté par l’école. Par ailleurs, il y a deux adultes dans la classe tout le temps. Nous nous entendons bien et nous nous complétons bien avec l’ASEM, c’est primordial ! Enfin, concernant les commandes de meubles et matériel, un petit bémol, la mairie nous a fourni le matériel adapté, mais ils n’a été livré que la veille de la rentrée (et pas en intégralité) et j’ai dû le monter moi-même.

Comment avez-vous été accompagnée ?

J’ai beaucoup apprécié les échanges avec les conseillers pédagogiques qui sont venus dans les classes, leur confiance et leur investissement dans la construction du projet commun. Par ailleurs, j’ai bénéficié de quatre jours de formation avec les collègues des autres TPS ainsi que les directeurs-trices et de deux demi-journées avec ASEM. C’était très positif à la fois d’échanger avec les collègues et de construire le projet avec les ASEM. Je regrette de ne pas être allée visiter/observer d’autres classes en exercice, peut-être l’année prochaine ? Ces derniers temps, je suis moins enthousiaste car du fait du manque de remplaçant, il est impossible que je me rende aux dernières formations, c’est réellement dommage ! ”

Christine et son ASEM entendent bien poursuivre l’expérience pour peu que le dispositif se maintienne en l’état avec la possibilité de se former, des effectifs réduits, la possibilité d’une rentrée progressive et d’un accueil échelonné et personnalisé en gardant une certaine souplesse, du temps pour les échanges avec les parents. Des exigences légitimes et indispensables que le SNUipp-FSU portera avec fermeté.


© SNUipp-FSU Paris | 11 rue de Tourtille 75020 | tél. : 01 44 62 70 01 | Nous écrire | SPIP | | | Suivre la vie du site RSS 2.0