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CTA du 15 janvier : échanges autour des évènements dramatiques de la semaine passée

publié le 16 janvier 2015

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Lors du comité technique académique du 15 janvier le Recteur s’est exprimé sur les évènements dramatiques de la semaine passée. Les élus des syndicats de la FSU (SNUipp, Snes, Snep,Snuep, Snasub) ont également effectué une déclaration en ouverture. Elle est reproduite en fin de compte-rendu.

Pour le Recteur de Paris, la réponse de l’Éducation nationale aux élèves qui ont perturbé le moment de recueillement ou qui ont eu des propos déplacés doit allier « discernement et fermeté ». Il est indispensable de faire la distinction entre les réactions qui relevaient de la confusion et de l’ignorance et celles qui étaient construites idéologiquement. Il s’agit, selon lui, de « ne pas interdire le débat ». Le débat « ce n’est pas la mise en danger de la République » mais ce doit être une « occasion pédagogique ». Il s’agit de « rappeler les valeurs de la République » mais aussi de « rappeler la loi ». Il rappelle que le délit de blasphème a été supprimé une première fois en 1791 puis définitivement avec la loi sur la presse de 1881. Il faut rappeler que « la France est un Etat de droit » dans lequel « toutes les opinions ne se valent pas ».

Il précise que ce sont les consignes qui ont été données aux chefs d’établissement et inspecteurs.

Il précise aussi que des ressources sont mises en place et vont être développées.

A la demande de la FSU, l’académie acte le principe d’un groupe de travail sur l’aide aux collègues face à ces situations de crise.

Par ailleurs, il est question que le Recteur s’adresse par écrit aux enseignants pour rappeler sa ligne politique.

D’un point de vue plus pratique, les élu-es du SNUipp-FSU se sont fait l’écho des problèmes soulevés par les directrices et directeurs d’école concernant, d’une part la transmission des consignes de sécurité et, d’autre part, des problèmes rencontrés dans la mise en œuvre du PPMS.

L’Académie a par ailleurs pointé elle-même le gros problème de cohérence posé par le lien éducation nationale/ville de Paris et a indiqué que des premiers échanges avaient déjà eu lieu. Le SNUipp-FSU a insisté sur la confusion des responsabilités REV/directeur/trice d’école exacerbée lors de la gestion de crise dans certaines écoles.


Consignes de sécurité

Le directeur de l’Académie rappelle que son message du 12 janvier reste la seule référence en vigueur concernant les déplacements des élèves. Il rappelle que personne (ville, IEN…) ne peut aller en contradiction avec ces consignes. La fermeture puis la réouverture des équipements sportifs ont été par exemple plus dangereuses qu’autre chose puisque des classes se sont retrouvées face à une porte close et donc dans la rue.

Il précise que les transports en commun ne sont pas interdits mais rappelle l’interdiction des sorties exceptionnelles pointant le risque plus grand dans les lieux publics fréquentés (musées, cinémas, gares…). Concernant les sorties habituelles, la question de la suppression des cars par la DJS a été posée. Concernant les classes de découverte, les départs du 19 janvier ont été annulés en particulier sous pression de la ville mais rien n’est encore décidé concernant les départs prévus le 2 février.

PPMS

A Paris, les consignes de sécurité dans le cadre de ce type d’évènement doivent venir de la préfecture de police.

C’est elle qui alerte l’Académie pour mettre en œuvre les mesures de prévention nécessaires. Pour le directeur de l’Académie c’est bien la directrice ou le directeur qui est seul-e responsable de la mise en œuvre du PPMS et ce, jusqu’à la levée de l’alerte. La ville a indiqué son accord et des rappels précis doivent être faits à ce sujet.

Sans rentrer dans le détails dans le cadre de ce CTA, différentes questions concrètes ont été évoquées sur ce sujet : équipement matériel, information aux parents…

Toutes les réponses n’ayant pas été obtenues, les élus de la FSU ont donc demandé et obtenu la tenue d’un CHS-CT dans les plus brefs délais pour remettre à plat la question des PPMS et de leur mise en œuvre concrète. N’hésitez pas à nous faire remonter vos remarques d’ici là.

Déclaration de la FSU lors du CTA du 15 janvier :

Peu importe la présence de chefs d’Etat plus ou moins respectueux des libertés dans leurs propres pays. Dimanche nous avons marché pour le respect de la vie humaine, de la sécurité publique et des libertés fondamentales.

Nous étions très nombreux, divers, calmes et déterminés. Nous avons porté une exigence de paix – aucun message de haine, aucune déclaration de guerre – et de Liberté : liberté d’expression et liberté d’être tout simplement ce que l’on a décidé d’être !

Les multiples pancartes déclarant « Je suis Charlie », « Je suis policier », « Je suis musulman », « Je suis juif », « Je suis journaliste »… témoignaient de cette exigence du respect de l’autre. Et parmi ceux qui les brandissaient, beaucoup, certainement, n’ont pas de religion !

Tous exigent que cesse la violence : crimes contre les journalistes, les policiers, crimes antisémites, mais aussi violences contre les musulmans.

A la revendication et au droit d’être ce que l’on a décidé d’être dans une société démocratique, la République répond par la citoyenneté : Tous citoyens, tous égaux en droit, tous solidaires. La République n’est pas la juxtaposition de communautés ayant des droits, elle les transcende – communautés et individus - dans un projet commun.

Nous savons que la minute de silence dans nos établissements a fait l’objet de diverses réceptions de la part de nos élèves qui n’adhèrent pas tous à ce projet égalitaire et républicain. Nous disons que l’Ecole ne peut pas donner de signes de faiblesse et doit rester ferme sur la ligne de la laïcité en signifiant clairement à ces élèves et à leur famille qu’elle ne transigera pas sur la liberté d’expression, y compris celle de blasphémer.

Nous devons faire comprendre à nos élèves que la loi de la République est au-dessus des règles communautaires. En refusant ce principe laïque élémentaire, ils s’excluent de la République garante des libertés y compris la liberté de culte.

La question se pose maintenant de savoir comment l’institution peut répondre de manière efficace aux collègues souvent démunis face à cette situation (temps de réflexion, accompagnement humain…) ; un lien sur eduscol ne suffira pas.

Tout cela risque cependant de ne pas être suffisant car ce rappel des principes restera pour beaucoup d’élèves une pure abstraction s’ils ne voient pas la République en acte.

Nous ne pouvons que partager les propos de notre ministre lorsqu’elle affirme que « Le problème de l’école française n’est plus celui de la transmission des valeurs républicaines. C’est celui de leur crédibilité ».

Comment parler de liberté quand de plus en plus de personnes vivent dans l’insécurité sociale, dans l’angoisse de ce que sera le lendemain ?

Comment parler d’égalité dans une société où la politique de la ville aboutit à parquer toute une partie de la population dans des quartiers laissés à l’abandon, quand la parole de chacun n’a pas la même valeur ?

Comment parler de fraternité dans une société où l’économie a pris le pas sur le politique et détruit tout ce qui n’est pas « rentable » au détriment des plus démunis ?

Comment lutter contre les ressentiments, les haines, les divisions, quand chaque jour nous montre l’image d’une classe politique qui stigmatise telle ou telle partie de la population, une classe politique qui n’a pas compris que la vertu s’enseigne par l’exemple ?

Au moment où certains militent pour un discours guerrier, il est urgent de réaffirmer notre volonté de vivre ensemble et d’agir concrètement pour que vivent nos valeurs de solidarité.

S’il faut refuser les discours qui tendraient à rendre l’Ecole seule responsable, elle a aussi son rôle à jouer. Il est temps de mettre en oeuvre une réforme profonde de notre système d’Education afin de promouvoir l’égalité, combattre les injustices, d’où qu’elles viennent, donner aux jeunes des perspectives personnelles et plus de sens à l’engagement collectif.
C’est la tâche qui nous attend maintenant.


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