Accueil > À la une > Droits des femmes > Plan national d’action égalité professionnelle (2025-2027) Compte-rendu des échanges de mai-juin 2025

Plan national d’action égalité professionnelle (2025-2027) Compte-rendu des échanges de mai-juin 2025

publié le 3 juillet 2025

g

Depuis l’adoption du second accord pour l’égalité professionnelle dans la Fonction publique en novembre 2018, chaque ministère a été contraint d’adopter un plan national d’action (PNA) pour visibiliser et résorber les écarts de revenus, de carrière, de pension et de conditions de travail entre les femmes et les hommes.


Le ministère de l’Éducation nationale a publié le 6 mars un nouveau plan triennal (2025-2027) pour l’égalité professionnelle femmes-hommes qui devra être décliné par la suite dans les académies d’ici six mois. Cliquez ici pour voir l’ancien plan


Des constats connus et persistants

Le document ministériel dresse un état des lieux préoccupant mais sans surprise.
Il confirme :
  La forte féminisation du 1er degré, avec près de 85 % de femmes, pour environ 60 % dans l’ensemble de la fonction publique d’État ;
  La sous-représentation des femmes dans les postes de direction, d’inspection et d’encadrement, malgré leur nombre majoritaire dans les corps de l’enseignement ;
  Des écarts de rémunération persistants, liés à la nature des postes occupés, au recours plus fréquent aux temps partiels et aux interruptions de carrière
  Des freins liés à la parentalité, mal pris en compte dans les déroulements de carrière ;
  Une insuffisante prévention et prise en charge des violences sexistes et sexuelles dans les lieux de travail.
Ces constats, la FSU-SNUipp les documente et les dénonce depuis des années. Ils traduisent des inégalités systémiques qui ne pourront être corrigées qu’à la condition de la mise en œuvre d’une politique ambitieuse, dotée de moyens et d’engagements concrets.


Le plan national d’action est décliné en 7 axes, chaque axe est ensuite décliné en actions et en mesures ministérielles et académiques. Les plans académiques s’inscrivant dans le plan national, les administrations ont une faible marge de manœuvre. La FSU-SNUipp Paris prend donc toute sa place afin de faire avancer le plus possible le plan académique.

 AXE 1 : Conforter la gouvernance et l’inscription de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes au cœur des politiques de ressources humaines sur le long terme
 AXE 2 : Favoriser la mixité des métiers et l’égal accès à toutes les fonctions et responsabilités, dont celles d’encadrement et d’encadrement supérieur
 AXE 3 : Evaluer, prévenir et traiter les écarts de rémunération et de déroulement de carrière entre les femmes et les hommes
 AXE 4 : Favoriser l’articulation entre vie professionnelle et vie personnelle et familiale
 AXE 5 : Prévenir et traiter les discriminations, les actes de violences (dont les violences sexistes et sexuelles), de harcèlement moral ou sexuel ainsi que les agissements sexistes
 AXE 6 : Agir pour la santé des femmes au travail
 AXE 7 : Communiquer, sensibiliser, former pour installer une culture de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes



Un plan d’action sans véritables leviers pour changer la situation

Malgré des avancées à mettre au crédit de la constance et de la persévérance des représentant-es de la FSU, notre fédération n’a pas voté en faveur du Plan national d’action ni du plan académique qui n’est pas à la hauteur des enjeux.
Dans un ministère composé majoritairement de femmes, le gouvernement n’a toujours pas pris la mesure de l’enjeu : il n’y a aucun moyen financier pour revaloriser les emplois particulièrement féminisés, aucune mesure spécifique pour les AESH, ou pour mettre en œuvre les mesures de ces plans.


Focus sur les rémunérations

Les études montrent bien que le premier facteur d’écart de revenus entre femmes et hommes est la ségrégation professionnelle (occupation des postes ou missions en fonction du genre) et le ministère pense cette lutte seulement par l’accès des femmes à des postes d’encadrement. Rien sur la mixité des métiers les plus féminisés et les plus dévalorisés (AESH et PE), rien sur leur revalorisation : les engagements sont minces.
La FSU a obtenu la nécessaire transparence du ministère et des rectorats sur les indemnités et rémunérations complémentaires. L’Académie de Paris publiera un document avec les données genrées sur les campagnes de recrutement (postes à profil), promotion, temps partiel, bénéficiaires d’heures supplémentaires, PACTE, etc. Ces données seront indispensables pour avancer enfin vers l’égalité salariale entre les femmes et les hommes dans l’Académie !


La Santé des femmes : enfin considéré comme un sujet pour l’employeur Éducation Nationale ?

Selon le Baromètre de Santé publique France 2021, 65 % des femmes considèrent être en bonne ou très bonne santé, contre 71 % des hommes. En matière de santé au travail, de l’aveu du ministère lui-même, le constat est là encore sans appel : les femmes, qui composent 73,1 % des effectifs du ministère, sont sur-représentées parmi les victimes d’accident de service (79,1 %) La pénibilité du travail des femmes est invisibilisée, les outils de travail ne sont pas conçus à l’aune du genre, pas plus que l’organisation du travail.
La santé des femmes ne se réduit pas à leur santé gynécologique ou reproductive. Il est essentiel de rappeler qu’elles sont par exemple plus exposées aux maladies cardio-vasculaires. Le sujet de la santé des femmes doit aussi être étudié sous l’angle de la santé mentale (charge mentale, burn-out, dépression post-partum, voire périnatale).
L’impact négatif du travail sur la santé des femmes reste peu étudié. Certains troubles musculo-squelettiques (TMS) liés au port de charges (AESH) ou aux contraintes de posture (PE en maternelle) commencent à être repérés.
Les répercussions sur la santé mentale des violences, discriminations, harcèlement et agissements sexistes (VDHAS), y compris les violences intrafamiliales, ne peuvent plus être ignorées par les rectorats qui ont été contraints de mettre en œuvre un dispositif académique de signalement et de traitement.
En revanche, les exigences émotionnelles et organisationnelles fortes liées à l’inégale répartition des tâches dans les autres sphères de vie (notamment la charge domestique et des enfants) sont des facteurs de risques psychosociaux (RPS) qui contribuent à renforcer l’usure professionnelle sur le plan psychique comme sur le plan physique.


QUE PRÉVOIT LE PNA POUR LA SANTÉ AU TRAVAIL DES FEMMES ?

■ Sexuer toutes les données relatives à la santé au travail.
■ Réaliser une campagne nationale d’information sur les principales pathologies féminines des femmes.
■ Promouvoir les enquêtes et mettre en place des études sur les liens entre les conditions de travail et la santé des femmes.
■ Améliorer la traçabilité et la prévention de l’exposition aux risques professionnels des femmes dans les plans de prévention.
■ Former les professionnel-les (préventeur-trices et personnels de la santé au travail) et informer les agent·es.
■ Renforcer le suivi de l’adaptation du poste de travail.
La médecine du travail souffre d’un manque chronique de personnels (médecins du travail, infirmier-ères santé au travail, psychologues, ergonomes), que ne cesse de dénoncer la FSU. Malgré cela, les militant-es qui siègent dans les instances santé sécurité conditions de travail (F3SCT) pèseront pour que les spécificités et pénibilités du travail des femmes soient prises en compte dans la mise en œuvre d’un plan de prévention des risques.


© SNUipp-FSU Paris | 11 rue de Tourtille 75020 | tél. : 01 44 62 70 01 | Nous écrire | SPIP | | | Suivre la vie du site RSS 2.0