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Réforme Peillon 2013 Une vraie refondation de l’École ?

publié le 16 janvier 2015

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Des enseignants hautement qualifiés et bien formés sont nécessaires pour démocratiser l’accès à la réussite de tous les élèves, de la maternelle à l’université, et garantir l’élévation du niveau de qualification de tous les jeunes dans une perspective de réduction des inégalités. Le SNUipp et la FSU sont déterminés à imposer une refonte de la formation professionnelle en profondeur.

Depuis le passage en force de la réforme dite de la « mastérisation » en 2009, les futurs enseignants ne bénéficient plus d’une année de formation professionnelle et rémunérée. Le concours se retrouve à la fin du master 2 soit après deux années universitaires de plus qu’avant la réforme.
L’allongement du temps d’études universitaires et la surcharge de travail pendant les années de master ont entraîné la baisse du nombre de candidats présentant le concours et une sélection sociale inquiétante du corps enseignant.
Les deux années de master Enseignement « EEM » sont de fait très chargées : les étudiants doivent à la fois valider leurs années universitaires par des partiels et un mémoire, assurer des stages en responsabilité et préparer le concours. La formation professionnelle a perdu ainsi toute cohérence, noyée parmi les unités d’enseignement universitaire et la préparation au concours. De plus, elle n’est plus dispensée par des formateurs de terrain. En effet, les PEMF qui participaient à la formation professionnelle des anciens PE2 ont été évincés de la formation actuelle et leur statut auparavant hybride, entre IUFM et rectorat, n’est plus d’actualité.
Après ces deux années de master dont nous venons de démontrer l’inefficacité en terme de formation et la dangerosité pour le corps social enseignant, les lauréats du concours deviennent PES et sont actuellement parachutés en poste en « quasi temps-plein ». Les conséquences sont désastreuses tant du point de vue des élèves que des équipes pédagogiques.

Opposition à la réforme de “mastérisation”

Cette réforme dictée à la fois par des objectifs idéologiques et une volonté d’économie budgétaire a été rejetée par le SNUipp-FSU et l’ensemble des acteurs de la formation des maîtres. Suite à sa mise en place, le SNUipp-FSU a accompagné les professeurs stagiaires et les néo-titulaires privés de formation initiale en proposant notamment des stages en partenariat avec le GFEN (Groupe Français d’Éducation Nouvelle). De nombreux stages syndicaux ont été organisés avec les maître- formateurs parisiens et de nombreux chercheurs, le SNUipp-FSU est donc en position de force de propositions ! La loi d’orientation de 2013 doit réinstaller la formation des maîtres. Le SNUipp-FSU sera vigilant et combatif sur cette question essentielle de la refondation de l’école.

Ce qui se profile

Le tableau ci-contre décrit l’organisation des concours pour les années à venir, avec notamment un concours de transition cette année (« 2014 anticipé »), à mi-chemin entre l’ancienne version Chatel et la nouvelle version Peillon. Il a été annoncé pour couvrir les besoins en professeurs des écoles dès la rentrée 2013, mais on s’aperçoit que les étudiants admissibles en juin 2013 seront en fait embauchés comme contractuels pour une année à tiers-temps en classe. Leur recrutement dépendra ensuite de leur titularisation. Leur année de Master 2 sera toujours aussi lourde : ces étudiants admissibles, embauchés comme contractuels, devront valider les oraux du concours et le master tout en préparant leur tiers-temps de classe. Le plan de formation ne peut pas être modifié cette année, mais nous revendiquons que ces étudiants, contractuels à la rentrée 2013 soient rémunérés à plein temps pour un 1/3 temps de classe (au lieu de la rémunération à mi-temps prévue pour le moment). Le SNUipp-FSU revendique également une année de fonctionnaire stagiaire (PES) après leur titularisation à mi-temps devant élèves, permettant ainsi un retour sur leur pratique de classe.
Pour le concours 2014, les textes dont nous disposons ne constituent qu’un squelette et beaucoup de zones d’ombre restent à éclaircir. Le SNUipp-FSU sera particulièrement vigilant quant aux contenus de formation au regard des nouvelles épreuves du concours qui détermineront grandement la qualité de cette nouvelle formation. Le concours serait a priori de nouveau accessible avant l’obtention d’un Master, ce qui serait une bonne chose si cela se confirme.
La formation professionnelle des enseignants doit articuler une formation de haut niveau avec une professionnalisation progressive, intégrant des contenus disciplinaires, didactiques et pédagogiques ainsi que des modules de connaissance du développement des enfants et du système éducatif. Le SNUipp-FSU dénonce la conception actuelle de l’alternance centrée principalement sur l’expérience de terrain. Pour que les stages en école permettent de progresser dans l’apprentissage du métier ils doivent être précédés et suivis de temps de préparation et d’analyse supervisés par les PIUFM et les PEMF.

Les Ecoles Supérieures du Professorat et de l’Education (ESPE)

La formation initiale et continue des enseignants doit se faire dans un lieu dédié à cela et permettant les échanges entre professionnels de terrain, formateurs, chercheurs, étudiants et mouvements pédagogiques. Ceci permettrait notamment de ne pas laisser la voie libre aux organismes privés. Les ESPE devront articuler formation professionnelle et universitaire dans le cadre de l’alternance, assurer la préparation aux concours de l’enseignement et permettre d’assurer la formation des enseignants de manière égalitaire sur tout le territoire.
A Paris, la formation doit se faire au sein d’une seule Ecole Supérieure dépendant du Rectorat ou d’une seule université et ne doit pas être éclatée sur plusieurs pôles, ce qui engendrerait une mise en concurrence des organes de formation.

Le SNUipp-FSU demande

− une formation initiale professionnelle de deux ans rémunérée, rentrant dans le calcul de la retraite, reconnue par un master et incluant l’année de préparation au concours,
− une année de fonctionnaire stagiaire en alternance avec deux tiers de formation dans les ESPE et un tiers de stage
− une année de T1 à mi-temps sur le terrain pour construire des compléments didactiques et disciplinaires, pour s’exposer à l’analyse de pratique en présence des PIUFM, encadrés par des PEMF, des directeurs d’école d’application et des conseillers pédagogiques,
− le maintien et le développement du potentiel de formation avec des équipes pluricatégorielles dans les ESPE,
− une formation adossée à la recherche, visant d’une part à s’approprier les outils de la recherche autour des problématiques éducatives et d’autre part à structurer l’analyse des pratiques en les insérant dans une démarche de recherche. Une plus grande collaboration doit se développer entre les composantes universitaires et les ESPE qui doivent par ailleurs bénéficier de laboratoires de recherche. Cette collaboration s’appuie sur des équipes pluricatégorielles de formateurs, dont les PIUFM et les IPEMF font partie,
− une carte nationale des formations s’appuyant sur les ESPE , qui garantisse la préparation du concours sur l’ensemble du territoire
− un cadrage national de la formation en terme de volumes horaires – qui doivent être significativement augmentés – et de contenus de formation,
− des épreuves de concours articulant les dimensions disciplinaire, pédagogique, didactique et professionnelle,
− aucun étudiant ne doit être en charge de classe,
− le non-décrochage entre le premier et le second degré, quel que soit le niveau de recrutement.


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