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Plus de maîtres que de classes Premier bilan du fonctionnement du dispositif dans les écoles parisiennes

publié le 26 juin 2014

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Le dispositif « Plus de maîtres que de classes » est mis en place dans 17 écoles parisiennes depuis la rentrée 2013. Il s’inscrit dans la loi dite de refondation de l’école de Vincent Peillon, aujourd’hui au point mort. Le ministre avait alors repris une revendication historique du SNUipp-FSU en la vidant de sa portée de transformation de l’école et du métier. Si le dispositif ministériel est bien éloigné de notre conception du « Plus de maîtres que de classes », sa mise en pratique constitue des expérimentations importantes pour envisager sa généralisation.

Une revendication historique du SNUipp-FSU galvaudée
Le « Plus de maîtres que de classes » est une revendication du SNUipp-FSU depuis sa création comme levier de transformation de l’école et du métier. Transformer l’école en baissant le temps de service et découplant le temps élève du temps enseignant pour intervenir dans plusieurs classes, de décloisonner, de co-intervenir dans une même classe, d’expérimenter des organisations pédagogiques. Transformer le métier vers une pratique plus collective, ce qui suppose de casser l’organisation de l’école « 1 maîtresse - 1 classe » et du temps pour travailler en équipe. Transformer les conditions de travail et ouvrir une perspective d’une réduction du temps de travail.
Cette conception du dispositif comme levier de transformation suppose une création massive de postes pour aller vers plusieurs maîtres supplémentaires par écoles. Force est de constater que les politiques suivies depuis plus de vingt ans n’en prennent pas l’orientation. Aujourd’hui on en serait plutôt réduit à demander « autant de maîtres que de classes », au vue des problèmes de remplacements auxquels nous sommes confrontés. Cependant les nouvelles pratiques expérimentées apportent des éléments de réflexion pour une généralisation réussie du dispositif.

Dans la pratique, les équipes se saisissent du dispositif
Toutes les écoles que le SNUipp-FSU a contactées jugent le dispositif très positif. La majorité répartit l’intervention du maître supplémentaire sur tous les cycles, mais cible prioritairement le cycle 2, voire le CP, dans les domaines de la maîtrise de la langue et des mathématiques.
Les modalités d’intervention du maître supplémentaire sont très variées, le plus souvent des demi-groupes sortis de la classe, mais aussi des demi-groupes pris en charge par l’enseignant de la classe ou encore une co-intervention en ateliers ou en classe entière.
Certaines équipes insistent sur la nécessité d’une mise en cohérence entre tous les niveaux de classes. Dans ce but, elles ont décidé de travailler le même domaine (résolution de problèmes) dans toutes les niveaux et ont mis en place un outil commun : un cahier spécial qui suivra les élèves. Ce projet se concrétise avec le projet mathatlon.
Souvent, le profil du maître supplémentaire est jugé déterminant pour la réussite du dispositif. C’est lui qui est en général à l’origine du projet et qui le fait vivre. Pour certaines écoles ces postes doivent rester fléchés. La formation proposée par l’académie est elle aussi plébiscitée comme essentielle à la réussite de ce type d’intervention.
Toutes les équipes engagées dans le dispositif soulignent qu’il faut beaucoup de temps de réunion pour élaborer le projet et de nombreuses réunions hebdomadaires. En effet, les collègues déclarent remettre en cause leurs habitudes et se sentent moins seuls dans leur travail en ayant la possibilité d’avoir deux regards sur les élèves. C’est sans doute pourquoi elles demandent toutes le renouvellement du dispositif malgré l’obligation, jugée lourde, de rédiger un nouveau projet pour l’année 2014-2015.

Faire réussir tous les élèves
Le dispositif « Plus de maîtres que de classes » a fait l’objet d’une analyse dans une étude publiée en mars 2013 par Bruno Suchaut dans le cadre de l’Institut de Recherche sur l’Education. Le chercheur présente une synthèse des études existantes sur des dispositifs similaires en France et à l’étranger. Il pointe les dangers et les conditions « d’efficacité » du dispositif pour améliorer les résultats des élèves les plus fragiles. D’abord, il s’agit d’éviter l’éparpillement et de privilégier une aide intensive destinée aux élèves les plus jeunes afin que les difficultés ne s’installent pas durablement. Ensuite, il préconise d’éviter un écueil observé dans les écoles en Angleterre, dans lesquelles la présence d’un adulte supplémentaire pour les élèves en difficulté a amené les enseignants responsables de la classe à accorder moins d’attention à ces élèves. Il recommande donc un cadrage fort de l’intervention du maître supplémentaire avec une formation spécifique de l’équipe accueillant ce type d’intervention. En conclusion de l’étude, le chercheur affirme que la réussite du dispositif nécessite également une évaluation aussi bien au niveau local que national.

Dans ces conditions, le « Plus de maître que de classe » est donc un outil efficace pour la réussite de tous les élèves. Mais, dans l’état actuel, il ne permet pas de transformer le métier. C’est pourquoi, le SNUipp-FSU revendique une généralisation du dispositif avec un premier palier de six enseignants pour cinq classes, des formations pour l’ensemble de l’équipe et non au seul maître supplémentaire. Il demande également que les 108 h soient entièrement dégagées pour des réunions d’équipe. Il s’agirait alors d’un plan de création de postes massifs pour donner réellement la priorité au primaire.


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