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Éducation prioritaire : la casse annoncée par le rapport Azéma-Mathiot

publié le 22 novembre 2019

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Mardi 5 novembre, Jean-Michel Blanquer a présenté le rapport Azéma-Mathiot. Ce rapport fait fi du travail pédagogique et éducatif engagé par les équipes enseignantes dans le cadre des réseaux. Si Jean-Michel Blanquer retient tout ou partie de ces pistes, c’est la disparition d’une politique nationale d’Education Prioritaire sans en avoir réalisé au préalable un véritable bilan, avec l’ensemble des acteur-trices concerné-es. Pour le SNUipp et la FSU, la dégradation de la situation sociale dans bien des quartiers de l’Éducation prioritaire demanderait que les moyens, pour toutes les écoles et établissements concernés y compris les lycées accueillant ces élèves, soient renforcés plutôt que fragilisés.

Les principales mesures portées par le rapport

La carte REP + serait maintenue à l’identique jusqu’en 2022. Le rapport propose que la 3ème tranche de la prime REP+ soit liée à « l’investissement et l’engagement des équipes » et « à l’élaboration d’un projet de formation continue alimenté par une démarche de recherche-action centrée sur la difficulté scolaire et la participation aux modules de formation induits hors temps scolaire ».

Le rapport promeut une délabellisation des REP. Les réseaux seraient remplacés par « une politique de priorisation académique » sous l’autorité du recteur. Cette politique concernerait les écoles et établissements rencontrant des difficultés d’exercice (REP actuels, écoles et collèges en difficulté de l’espace rural), les réseaux en situation transitoire (ex-réseau concerné par une politique de mixité) et en situation d’éloignement (Indice d’éloignement construit par la Depp). La prime REP serait remplacée progressivement par une prime d’installation pour les établissements non attractifs à condition d’y travailler pendant une durée minimale.

De nouvelles prérogatives seraient octroyées aux Académies : priorisation en termes de mobilité intra-académique, bonifications de carrière, bonifications indemnitaires, classement des établissements, possibilités d’expérimentations organisationnelles.

Contre la liquidation de l’Education prioritaire !

Le SNUipp et la FSU sont opposés à la plupart des propositions portées par le rapport Mathiot-Azema. L’argument de la prise en compte des territoires ruraux en difficultés sociales et scolaires, de l’éloignement et des écoles orphelines est utilisé pour délabelliser les REP et supprimer les indemnités des enseignant-es. On déshabille Paul pour habiller Pierre et encore… Au final, c’est la mise en place d’une concurrence inacceptable entre les territoires ruraux et urbains.

« Une politique de priorisation académique » aura pour conséquence de générer de l’insécurité, de l’instabilité permanente pour les équipes enseignantes. L’attribution locale de moyens dépend beaucoup des rapports de force politiques locaux, il y a un véritable risque de dévoiement des fonds de l’éducation prioritaire. C’est aussi une nouvelle étape vers une territorialisation de l’École où la définition d’une politique de l’éducation prioritaire par des critères nationaux garant de l’équité serait abandonnée pour privilégier de « nouvelles formes de co-construction Etat-collectivités ».

Quant à la 3ème tranche de la prime REP+, il s’agit bien d’une prime au mérite qui va générer concurrence, conflit et iniquité. C’est inadmissible !

Pour une réelle ambition de lutte contre les inégalités scolaires

Le SNUipp-FSU porte une toute autre vision de l’Education Prioritaire, avec une labellisation unique comprenant les REP, REP+ et les écoles orphelines ainsi qu’une véritable ambition pour la réussite de tous les élèves.
Si les augmentations salariales sont nécessaires au regard du salaire moyen des enseignant-es par rapport à la moyenne des pays comparables de l’OCDE, ce n’est pas suffisant pour attirer et retenir les enseignants en EP. Il faut abaisser les effectifs dans toutes les classes, retrouver des RASED complets, une formation continue en lien avec les demandes du terrain, une formation initiale qui rende explicite les apprentissages aux élèves en difficulté, un suivi et un accompagnement des jeunes collègues.
Par ailleurs, ce rapport ignore les problématiques de la médecine scolaire et de la santé des élèves qui ont pourtant un impact sur la réussite scolaire.

Le SNUipp et la FSU ont demandé à être reçu-es par le Ministre. Nos organisations mobiliseront les enseignant-es si les préconisations de ce dernier rapport étaient reprises par le Ministère.


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